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Chapitre 2 - Le Feu de Vérité

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Chapitre 2 du livre "Le Feu de Vérité"
Nos modes de relation
 
Nous allons nous limiter aux relations avec les êtres qui nous sont quotidiennement proches. On pourrait envisager les interactions avec le monde, la Terre, les hommes en général, la société, la nature... mais je me contenterai de celles qui concernent nos compagnes et nos compagnons, nos enfants, notre famille et nos amis, et enfin celles que nous rencontrons dans le travail. Ce sont les plus proches et elles organisent notre quotidien. Leur observation sera largement suffisante pour voir ce qui détermine nos relations avec tout le reste du monde.
Considérons d’abord que nous sommes des êtres de relations. L’homme peut choisir de se retirer du monde, mais il reste issu d’une structure sociale, il y reviendra sans doute un jour et, qu’il soit isolé ou non, il garde des connexions avec le monde, à travers sa pensée et ses rêves ou tout simplement à travers son environnement. Concevoir les relations est donc concevoir la vie. Que veut dire être en relation avec quelqu’un ? C’est avoir un lieu privilégié de communication ou de communion, c’est en tout cas cela, que je retiendrai comme étant la valeur d’une relation.
Voyons les motivations profondes qui nous poussent à nous associer à quelqu’un d’autre. Quand on regarde ce qui se passe dans un couple, on s’aperçoit qu’il y a fort peu de place pour la communion de deux êtres, pour l’Amour. Ce sont souvent nos exigences physiques ou psychologiques qui induisent la nécessité d’une union avec une autre personne. Nous sommes amenés à vivre ensemble par besoins physiques, sexuels et nous avons aussi des attentes psychologiques très puissantes car nous pouvons difficilement envisager une vie de solitude. Ce qui détermine notre association, ce sont donc des besoins. L’un et l’autre des participants sont préoccupés à assouvir leurs désirs, à satisfaire leur besoin de sécurité ou d’affection, à combler leurs manques, et c’est cela qui cimente le couple. L’un et l’autre trouvent leur compte dans l’association mais ils ne trouvent pas l’autre.
 
Quand une vie de couple commence à se dégrader, on s’aperçoit que les deux partis ont très vite du mal à se supporter. La relation cesse quand le contrat de soutien physique, moral ou psychologique est bouleversé pour une raison ou une autre. Ce qui prouve qu’il n’y a pas eu de relation d’amour mais une relation de besoin de l’un et de l’autre. Le besoin a changé ou la satisfaction n’est plus complète... alors la relation est rompue. Supposons, par exemple, que vous éprouviez le désir d’être protégé, parce que vous êtes faible et dépressif. Vous allez vous associer à quelqu’un qui vous stimule, qui donne de l’entrain à votre vie et vous soutient. Mais si cette situation change avec le temps, si celui qui donne ne peut plus vous contenter, vous découvrez une autre personne. Jusqu’à ce moment, votre relation à l’autre était très ponctuelle, juste à l’endroit qui vous était utile. Le lien créé par le besoin occultait complètement l’autre dans sa propre réalité. Et une fois que cet endroit a disparu, vous voyez la personne comme un étranger. Vous constatez qu’elle a beaucoup de défauts, vous pensez que vous n’avez plus rien à faire avec elle. Vous ne savez même pas comment vous avez réussi à partager votre vie avec quelqu’un d’aussi insupportable ! Ainsi, n’étant plus satisfait, vous allez "changer de vie" et trouver un autre partenaire.
 
Regardons maintenant ce qui se passe lorsque le compagnon commence à aller mal pour une raison quelconque. Pouvons-nous être suffisamment là, avec lui, lui faire de la place pour que son mal ne lui reste pas dans les mains ? Quand l’un des membres du couple est en difficulté, l’autre s’empresse de lui trouver une solution, voir le médecin, faire du yoga, ou bien il essaiera de lui faire oublier son problème, en le distrayant, en l’emmenant au restaurant, au cinéma, en lui offrant un bijou, en organisant un week-end à la campagne ou en rendant visite à des amis. Est-ce vraiment aider la personne ou simplement essayer d’effacer la difficulté ?
Il est très difficile d’aller vers son compagnon, d’entrer en relation avec son malaise car on a trop de besoins soi-même. Cela prouve que l’on a beaucoup de difficulté à être en communion avec l’autre, à être dans une relation vraie. Une autre façon de s’esquiver est de ne pas voir que l’autre va mal, vous ne souhaitez pas vous en rendre compte et vous fermez les yeux et les oreilles. La personne qui est dans le besoin réclame sans cesse et l’autre ne voit jamais, n’entend jamais. Au bout d’un temps, elle se résigne parce qu’elle n’a pas d’écoute ou elle décide de partir, la situation étant trop difficile.
Pour résumer, la relation de couple est trop souvent basée sur la satisfaction des besoins propres à chacun, ce qui ne laisse aucune place à l’autre. C’est une relation égocentrique où il n’y a guère de communion. L’amour, qui est l’acceptation d’une personne complètement étrangère, est très improbable dans ces conditions.
 
 
Abordons maintenant nos relations avec nos enfants. Pourquoi avons-nous choisi d’avoir des enfants ? Arrivé à un certain âge, on commence à se questionner sur le sens de sa vie, sur le but et l’orientation qu’elle doit prendre. Avant de se laisser ensevelir sous ce genre de problèmes métaphysiques, on se dépêche de faire des enfants car avec eux se dessinent une perspective d’organisation et des projets pour l’avenir. Le fait de faire des enfants organise très rapidement le quotidien, cela lui donne une signification et exige une structure. Il faut être disponible, avoir une situation qui permet de les élever et de les nourrir. La présence des enfants oblige à canaliser son existence qui restait auparavant dans le flou et tournait autour de sa propre satisfaction. C’est pour les enfants que l’on construit une maison, que l’on va en vacances au bord de la mer, etc. Ils donnent une direction à la vie, ce qui nous évite beaucoup de questions sur le vrai sens de cette vie-là et le vrai sens d’avoir ces enfants-là.
Les enfants sont aussi le moyen de marquer notre présence sur cette Terre, puisqu’à travers eux, nous avons une continuité. Engendrer des enfants, c’est créer un sentiment de sécurité, assurer la pérennité de son nom, de sa famille, de sa race. Procréer, c’est marquer sa présence, son passage ici-bas et donc annuler sa peur de mourir. On continue à vivre un peu à travers ses enfants !
Regardons maintenant de plus près ce type de relation. Nous pouvons facilement nous apercevoir que nous exigeons beaucoup de nos enfants. Ils ont des responsabilités vis-à-vis de nous : la responsabilité de bien travailler à l’école, d’être gentils, de nous rendre heureux. Nous faisons des sacrifices pour eux et en échange, ils doivent nous rendre heureux. Nous leur faisons sentir que nous nous occupons bien d’eux, que nous nous privons pour eux. Et ainsi, ils se retrouvent responsables de notre bonheur ou de notre malheur. Si jamais ils ne se montrent pas à la hauteur de nos exigences, ils seront très culpabilisés. Ils le seront aussi quand ils voudront affirmer leur indépendance parce que nous leur avons donné l’impression qu’ils nous devaient quelque chose. Nous souhaitons les garder pour ne pas rester tout seuls. Nous n’acceptons pas qu’ils partent et pendant toute l’enfance et l’adolescence, nous leur créons des dettes. Le jour venu, ils devraient pouvoir s’en aller tout simplement. Vous n’avez fait que votre devoir, c’est-à-dire soigner un être qui était trop petit pour se débrouiller tout seul. Les aimer veut dire les laisser grandir, et cela signifie accepter qu’ils vous disent un jour : "Je m’en vais demain, je n’ai plus besoin de toi."
 
Suite du Chapître 2 : Nos modes de relation
   
 
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