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Chapitre 1 - Le Feu de Vérité

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Chapitre 1 du livre "Le Feu de Vérité"
L'Ordre et le Désordre
 
Sommes-nous conscients de notre désordre et de notre confusion ?
Il est fort probable que nous n’en soyons pas pleinement conscients, car alors, nous serions plus empressés de nous en occuper sérieusement. La plupart du temps, nous vivons complètement dans le désordre et nous y sommes tellement impliqués, que nous avons très peu d’occasions de nous en apercevoir. Nous allons voir ensemble les sphères les plus importantes où nous manifestons du désordre et de la confusion.
Observons notre sphère quotidienne, l’environnement dans lequel nous vivons, l’organisation de notre vie ; nous avons tendance à organiser un désordre assez constant dans notre environnement. Nous ne prenons pas la peine de ranger les objets, nous sommes négligents vis-à-vis des papiers et du courrier. Les choses s’accumulent, s’entassent et une très grande confusion s’installe.
Nous aurons peut-être, pour une cause souvent extérieure — la visite d’un ami, par exemple — le courage de remettre de l’ordre, de faire des rangements. Cela prend une ou deux journées et nous en ressortons épuisés. Ainsi, nous avons remis de l’ordre dans le désordre de notre sphère quotidienne. Il y a également du désordre dans le rythme de nos vies, avec de multiples précipitations, des bousculades pour arriver à l’heure à nos rendez-vous.
 
Examinons maintenant notre sphère affective. Le désordre y est assez considérable ! Nous ne savons pas s’il vaut mieux vivre en couple ou séparément, nous essayons différentes structures de relations, différents partenaires. Ou bien nos relations passent de la passion à la jalousie, la colère, les querelles, et finissent dans le déchirement.
Les mouvements émotifs créent une grande confusion dans notre vie affective, vis-à-vis de nos compagnes et compagnons, mais aussi vis-à-vis de nos enfants, qui sont victimes de nos états d’âme. Nous sommes trop préoccupés par nos propres états, et les enfants doivent s'en s’arranger. Les relations avec la famille sont également un très grand lieu de désordre. Il n’est pas du tout sûr que nous ayons une quelconque affection pour nos parents mais nous continuons à avoir des relations avec eux.
Nos sphères affectives ne sont donc pas d’un ordre parfait !
Il en va de même pour ce que j’appellerai notre sphère structurelle, notre propre constitution : nous n’avons pas suffisamment de personnalité, de structure solide et stable et nous nous laissons ballotter, sans savoir que choisir. Nous sommes impressionnés pas des personnalités plus fortes. Nous sommes hypnotisés par la première personne influente que nous rencontrons ou par la dernière pratique spirituelle à la mode. Il y a peu de permanence de l’être, de solidité dans la structure de l’individu, qui lui permettrait d’avoir suffisamment de bon sens et d’éviter d’être ainsi entraîné d’une idée à une autre, d’être fasciné ou attiré, sans aucune réflexion.
Les désordres mentaux sont aussi très nombreux : nous militons pour la non-violence, alors que nous manifestons de façon mentale ou dans le cercle restreint de la vie familiale, une jalousie et une violence extrêmes.
Nous sommes très souvent obnubilés par l’idée de réussir ce que nous entreprenons, mais nous oublions de nous en donner les moyens, de nous laisser le temps de la réflexion et de l’analyse. Nous sommes projetés vers le résultat, et nous négligeons la marche à suivre. Pour construire un mur, il faut bien comprendre comment poser chaque pierre. Si les premières pierres sont mal posées, il est évident que le mur ne pourra pas monter très haut. La première pierre détermine le mur. Inquiétons-nous de chaque pierre, et ainsi le mur sera construit correctement. En général, ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons : nous nous sommes tendus vers le résultat et ne prenons pas le temps d’arrêter cette tension pour mettre en oeuvre différents moyens permettant de mener à bien notre entreprise.
Quel que soit le problème, matériel, mathématique ou psychologique, si nous voulons à toutes fins le résultat, nous n’arriverons pas à le résoudre si nous ne passons pas par la compréhension du problème lui-même. Il faut renoncer à la solution pour pouvoir avancer pas à pas et l’obtenir finalement. C’est un exemple de désordre dans l’utilisation de notre esprit et de notre réflexion. Nous pourrions en citer bien d’autres.
 
 
Il y a également ce que j’appellerai des désordres "délibérés". Vous pouvez choisir un certain type de désordre, car il symbolise une valeur, il représente un modèle de vie que vous affectionnez : boire, manger, fumer, sortir beaucoup, se droguer, faire des fêtes de plus en plus extravagantes sont souvent des critères d’une vie très intéressante, d’une vie qui bouge ; on prend comme modèle la vie débridée des gens du spectacle, par exemple.
Il y a d’autres "choix" de désordre délibéré, par exemple détériorer les installations publiques, par vengeance ou frustration.
Les actes manqués sont aussi un signe évident de désordre. Nous avons un rendez-vous important, et au dernier moment, un événement nous empêche d’y aller, ou nous l’oublions purement et simplement. Les oublis sont des actes manqués. On confond les dates et les jours de la semaine, on oublie ses clefs, on ne sait plus où l’on a garé sa voiture. Il y a aussi tout ce que l’on perd, casse, le fait de se cogner, de se faire mal. Ce sont aussi des signes de désordre.
Un désordre assez astucieux est le désordre de santé, on n’est jamais bien en forme, on est dépressif, on manque d’énergie, on est victime de petits maux répétés. C’est un désordre organisé de façon plus ou moins consciente. Il existe également des désordres alimentaires : on ne mange plus, puis on mange tout le temps, puis on ne mange que du sucre, etc.
La sphère spirituelle n’échappe pas non plus à la confusion et au désordre. Du fait de l’absence de stabilité dans la personnalité, il y a souvent peu de persévérance dans la démarche spirituelle. Nous changeons de techniques, d’enseignements, de Maîtres. Nous essayons telle démarche, mais les résultats étant peu convaincants, nous en changeons. Nous faisons peu de cas de notre engagement personnel qui peut, au gré de nos déceptions et de nos attirances, se dégager et s’investir ailleurs. Nous épuisons ainsi très rapidement un ensemble de techniques qui pourtant sont chacune une voie de réalisation. Pourquoi ne pas s’en tenir à une seule puisque nous savons qu'elle est une voie de réalisation ?
 
Je pense avoir décrit les lieux les plus importants où se manifeste notre désordre. Chacun d’entre nous se reconnaîtra plus facilement dans l’un ou l’autre des exemples donnés. Selon votre personnalité et vos habitudes de vie, vous vous sentirez plus concernés par telle ou telle manifestation du désordre.
Considérons maintenant que, dans chacune des sphères que nous avons évoquées, nous endossons un rôle, un personnage. Le personnage du quotidien est celui qui entre en relation avec le monde de sa maison, avec son mode de vie, son hygiène et son alimentation. Le personnage affectif est celui des relations ; il se démultiplie selon la nature de la relation et il sera tour à tour l’époux, le père, le fils. Il y a aussi le personnage mental, le personnage spirituel, etc. Chacun de ces personnages est, nous l’avons vu, dans un état plus ou moins avancé de confusion. Pour éviter un désordre encore plus grand, nous jouons chacun de ces rôles, sans que les autres interfèrent. Il n’y a pas ou peu de connexion, entre les différents personnages.
Quand le personnage spirituel entre en jeu, il prend une douche, change de vêtements, s’installe dans un endroit propre pour faire sa pratique de méditation. Fort heureusement pour lui, il n’a aucune connexion avec le personnage quotidien, qui vit dans le désordre, accumule les retards et les vaisselles, oublie constamment ses obligations, ne paie pas ses factures et ne sait plus où est garée sa voiture. Il y a un cloisonnement. Le personnage spirituel prendra le rôle d’aspirant à la spiritualité, le personnage quotidien restera empêtré dans son désordre, le personnage affectif jouera sa partie dans le trouble de ses passions, de ses pulsions ou de ses fantasmes. Et chacun oublie l’existence de l’autre.
Le désordre est dans chacun des personnages et, en général, il n’y a pas de connexion entre eux. Le cloisonnement est le lot de ce que nous sommes et nous ne confrontons pas nos personnages.
 
Suite du Chapître 1 : L'ordre et le Désordre
   
 
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