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Du corps de nourriture au corps de félicité
Les idées que nous avons sur le yoga sont disparates. Certains l’assimilent à de la gymnastique douce, d’autres pensent au contraire que c’est très compliqué, voire acrobatique ou bien encore magique. Mais essayons de parler de la science yoguique, non de toutes les fantaisies qui circulent sur le sujet. Comme nous l’avons vu, le processus est fondamental. Par conséquent, la pratique du yoga va nous donner des outils destinés à affiner nos moyens de connaissance et de perception, du plus immédiat, le corps physique, jusqu’au plus complexe, le mental. C’est ce qui explique la diversité des exercices qui vont travailler sur chacun de nos corps.
Pour agir sur le premier corps, celui de chair et de nourriture, on a recours au hatha yoga qui utilise des postures appelées aussi asanas. Les pratiques physiques s’intéressent à l’aisance, à l’harmonie et à l’équilibre de notre première dimension et complètent ce travail par d’autres techniques, les shat karmas, qui nettoient tout le système interne. Le hatha yoga s’occupe du niveau physique et le rend à la fois plus résistant, souple et réceptif.
Pour travailler sur l’enveloppe suivante, le corps énergétique, il y a d’autres moyens. L’énergie est plus subtile que le corps mais toujours tangible. Elle est très facilement captée par la respiration. De nombreux exercices utilisent à cette fin le souffle, c’est ce qu’on appelle le pranayama. Dans ce cas, la respiration sert à renforcer la capacité vitale, notre capital énergétique. Il nous faut en effet une plus grande quantité d’énergie pour que notre recherche s’approfondisse et dépasse le niveau physique.
Au corps mental, manomayakosha, s’appliquent toutes les pratiques de méditation. Elles peuvent être très méthodiques comme lorsqu’elle suivent la progression du raja yoga ou bien très diversifiées quand elles appartiennent au tantra. Swâmi Satyananda est un grand spécialiste des techniques de méditation tantriques. Il en existe de très nombreuses, dont l’objectif est un meilleur contrôle des pensées et des émotions, non pour les réprimer mais pour en comprendre le fonctionnement. Contrôler signifie dans ce contexte apprendre à être le maître dans sa propre maison, c’est-à-dire à ne plus être l’esclave de son mental, mais à en avoir une connaissance et une compréhension supérieures. Les pratiques qui utilisent le mental sont plus exactement destinées à nous préparer progressivement à vivre l’état de méditation.
Le yoga travaille sur ces trois niveaux. Il emploie des exercices soit physiques, soit respiratoires, soit mentaux ou les associe entre eux, afin d’agir sur les trois premiers corps, ceux dont nous avons une expérience immédiate. Cela signifie qu’on utilise seulement ce que l’on connaît, ce que l’on sent ou ce que l’on perçoit, sans parler de transcendance. En affinant ces corps ou ces enveloppes qui sont en interrelation les unes avec les autres, on augmente considérablement la capacité énergétique, l’endurance et la sensibilité intérieure.
 
Cela nous permet de pénétrer dans le quatrième corps, vijyanamayakosha ou corps psychique, intuitif. Plus subtil que les trois premiers, on y trouve le réseau des nadis, des chakras et des granthis. C’est un niveau plus raffiné que celui du mental mais qui appartient encore au tangible dans la mesure où on peut l’atteindre par l’association et la combinaison de pratiques qui agissent sur les trois premiers corps. Là s’arrête le travail du yoga.
Il est impossible d’influer de façon directe sur le cinquième corps, anandamayakosha ou corps de félicité. Il n’appartient pas à ce que nous pouvons toucher et manipuler, il dépasse la sphère de notre volonté et échappe à l’emprise d’une technique. Il représente l’aboutissement du processus de purification intérieure mais n’en est ni la conséquence ni le résultat, parce qu’il n’est pas du ressort de la volonté humaine. On va ainsi travailler sur trois corps, puis sur quatre en associant les trois premiers. Le cinquième est en fait le but de notre quête, l’union yoguique. Selon ce principe, on part du plus grossier, le corps physique, on passe par l’intermédiaire du souffle, puis on arrive aux pratiques mentales, des plus simples, celles du mantra yoga par exemple, aux plus complexes, celles appartenant au kundalini yoga. On commence toujours avec un support objectif puis, en s’y appuyant, on affine les instruments, la perception, la conscience, la discrimination, etc.
 
Les voies d'éveil
On pourrait être tenté de croire qu’il suffit de faire des exercices pour arriver au but. Mais cela ne marche pas tout à fait comme ça. C’est seulement une façon d’expliquer pour comprendre comment fonctionne le yoga et à quoi il sert. On a souvent une idée très parcellaire et confuse du yoga parce que les pratiques sont très diversifiées. Est-il possible de transformer simplement l’instrument, c’est-à-dire le corps, l’énergie, le mental pour atteindre l’objectif du yoga ? Oui, mais il n’est pas sûr du tout que cela se fasse en restant simplement assis.
Parallèlement à ce processus de transformation de l’instrument, il y en a un autre, celui de l’évolution de la conscience, pour que l’expérience vécue, la matière objective, devienne l’expression de ce qui a évolué et de ce qui s’est transformé en nous.
C’est pour cette raison qu’il existe différentes voies de réalisation dans le yoga. Vous avez sans doute entendu parler du karma yoga, du bhakti yoga, du raja yoga et du jnana yoga. Il y a, d’une part, des techniques de transformation. Et pour qu’elles agissent, se concrétisent et se traduisent dans le vécu, il existe d’autre part des voies d’expression. Prenons par exemple la voie du karma yoga, c’est-à-dire celle de l’action. Elle exige que l’acte ne dépende ni du résultat ni de son auteur, et qu’il tende vers la perfection. Dans ce cas, on essaie d’incarner un processus qui transforme non seulement l’action mais aussi l’attitude intérieure.
Lorsqu’il est question de nos relations avec les autres et le monde, c’est la voie du bhakti yoga, celle de l’amour, de la dévotion ou de la compassion. La communication qui engage le sentiment, le coeur, se met au service de l’autre, sans le posséder, l’enfermer ou l’exploiter. On retrouve d’ailleurs ces deux voies, celles de l’action et de la dévotion, chez les catholiques et les bouddhistes. Ceci pour dire qu’un travail dans l’isolement n’est pas suffisant, il doit aussi y avoir un échange, pour que l’évolution puisse s’actualiser dans la réalité. Le raja yoga est à la fois un outil qui s’applique au mental, une méthode de méditation comme nous l’avons vu précédemment, mais c’est aussi une voie qui renforce la volonté, l’endurance et la détermination pour continuer son chemin. La quatrième voie est celle de la connaissance et s’appelle le jnana yoga. Elle utilise la discrimination et le non-attachement afin de séparer le vrai du faux. Elle analyse, comprend et soutient toutes les autres voies, l’action, la dévotion, la méditation, afin de les préserver de l’illusion.
 
En conclusion...
Pour résumer simplement, nous avons un projet, une quête. Pour se concrétiser, elle exige d’une part de bons instruments, c’est-à-dire des corps équilibrés selon la définition du yoga, et d’autre part une conscience susceptible de révolutionner ou de modifier notre attitude, afin que notre expression soit conforme à notre réalité intérieure. Le yoga est une voie essentiellement pratique, elle n’est pas du tout spéculative même si elle utilise l’intellect et la discrimination. Elle invite chacun de nous à réaliser ce qu’il cherche, et non simplement à en parler ou à lire sur le sujet. En d’autres termes, si nous voulons connaître la saveur de l’eau pure, découvrir l’origine de notre être, il est nécessaire d’en faire l’expérience. Pour cela, nous devons nous transformer, accepter un processus. Puis, lorsque nous aurons goûté à la vie intérieure, nous aurons une plus grande soif et davantage de courage pour continuer. Pour le yoga, amener notre quête jusqu’à son terme signifie vivre dans sa véritable nature et non au niveau de ses conditionnements. Evidemment, ce but est très élevé mais il est à la mesure de ce que nous recherchons. C’est pourquoi le yoga est une voie de réalisation spirituelle. Lorsque la pratique, l’action, la conscience, la discrimination, le non-attachement et l’attitude commencent à fonctionner, cela signifie que l’on est engagé dans un processus de transformation et d’évolution intérieure.
   
Conférence de Swami Devanath paru dans l'ouvrage "La Quête du sens".
 
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