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Yoga et Tantra pour gérer son mental

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Des techniques pour accroître notre capacité de conscience
Il faut bien distinguer les exercices de concentration de la force mentale de ceux qui engendrent une meilleure conscience de soi. La plupart du temps, les personnes qui ont appris à se concentrer perdent toute faculté d'observation des multiples expressions naturelles du mental. Si on leur demande de laisser le processus mental spontané se produire et de l'observer, elles ne ressentent et ne voient rien parce que leur observation est focalisée sans être détendue. On doit acquérir de la maîtrise et de la concentration d'une part, et d'autre part savoir constater et accepter son état mental tel qu'il se présente de façon naturelle.
Il en est d'ailleurs de même pour la respiration : il faut tout à la fois savoir manier les phases respiratoires, pour les allonger et les contrôler, et travailler aussi sur la conscience de la respiration spontanée, ce qui est un facteur de détente considérable. Apprendre à fixer son attention est une donnée indispensable à toute démarche de yoga car les forces mentales sont au départ dispersées. Mais cela ne doit pas aboutir à un rétrécissement du champ de l'expérience personnelle et de la connaissance de soi.
Les techniques tantriques de méditation ont des principes d'action qui sauvegardent et accroissent les capacités d'observation, sakshi ou drashta, tout en focalisant et en disciplinant peu à peu le mental.
Elles agissent selon la méthode employée généralement avec un enfant. Si vous lui demandez de rester tranquille, il y a de grandes chances qu'il se dissipe au bout de quelques minutes et si vous le contraignez de façon autoritaire, vous le privez de ses capacités naturelles d'expression. C'est en lui donnant un jouet que vous pouvez l'occuper suffisamment et canaliser ses énergies. De la même façon, nous allons fournir à notre mental une occupation, sous la forme d'une pratique méthodique, précise et progressive. Quand la force mentale se stabilise sous l'effet de ce processus, nous pouvons observer tout à loisir et en profondeur les facettes variées de ses activités spontanées.
 
La technique d'Antar Mauna
Antar Mauna est la technique privilégiée pour mettre en place une démarche d'observation. Il serait bon de l'associer à tous les autres yogas, que ce soit le hatha yoga, le raja yoga, le kundalini yoga ou d'autres voies, bhakti, jnana ou karma yogas. Bien que son apprentissage se fasse en position assise, elle n'est pas destinée à être expérimentée dans des conditions d'exception, en lotus avec les yeux fermés par exemple. Elle peut se combiner à notre sadhana actuelle et faire partie intégrante de nos activités dans la vie quotidienne.
Elle nous incite à l'essentiel : se connaître et s'accepter tel que l'on est, tout en ayant plus de moyens pour gérer les pensées, les associations d'idées, les émotions, etc. Ainsi, le karma, l'action, se transforme en karma yoga et la méditation devient une expérience vivante. A défaut de suivre une démarche de ce type, nous sommes très vite amenés à considérer notre pratique de yoga comme une sorte de performance, de dépassement de soi, que ce soit sur le plan physique, mental ou spirituel. Nous perdons alors contact avec notre réalité et un jour ou l'autre, nous devrons revenir à ce que nous sommes.
 
Interpréter le raja yoga avec réalisme
L'un des Yoga Sutras les plus connus parle de « Chitta vritti nirodha », et cette expression est souvent traduite par l'arrêt des fluctuations mentales, considéré comme une condition préalable à l'illumination spirituelle. Cependant, est-ce vraiment de la suppression des vrittis dont il s'agit ? Peut-on stopper le vritti de la mémoire ? Ce serait bien dommageable, même si parfois nous éprouvons beaucoup de difficultés avec tout ce qui est stocké dans notre banque de données ! Peut-on se passer de dormir ? Ce serait également catastrophique car le sommeil profond s'avère indispensable à l'être humain, et le rêve est une soupape permettant d'évacuer beaucoup d'impressions.
Un jour sans doute, après un travail assidu et prolongé, purifiant et harmonisant corps, mental et esprit, les fluctuations mentales obéissent à des règles supérieures et se mettent au service du Soi. Mais il ne s'agit pas d'un arrêt, ni même d'un contrôle comme on l'entend d'habitude. Si contrôle il y a, ce n'est pas notre petit moi qui prend les rênes mais le Moi supérieur. Si l'on est amené un jour à vivre l'état de samadhi dans ce corps, il n'est guère vraisemblable qu'il faille tourner le dos à ce que l'on est pour y parvenir. D'autre part, un être humain reste un être humain, même s'il atteint la transcendance. Il faut donc se connaître dans toute sa profondeur, s'accepter, et harmoniser les composantes de son être. Lorsqu'une pomme est mûre, elle tombe de l'arbre. C'est la preuve que le pommier a fini d'accomplir son œuvre. Le yoga nous invite à faire mûrir la pomme grâce à un cheminement qui ne tient ni du miracle ni d'une condition exceptionnelle, mais agit d'une façon systématique et scientifique sur toute la personnalité, jusque dans les sphères les plus reculées et les plus ignorées.
 
Le dernier point pouvant être revu à la lumière d'une démarche tantrique concerne les deux prémisses du raja yoga, les yamas et les niyamas, disciplines sociales et intérieures préconisées par les Yoga Sutras. Examinons brièvement un seul d'entre eux, ahimsa, la non-violence. S'agit-il seulement de ne pas causer de tort à autrui, de ne pas tuer ou de ne pas dire de méchancetés ? Non, cette règle de conduite implique d'éradiquer toute trace d'agressivité à l'intérieur de soi. On peut s'abstenir d'insulter quelqu'un mais le faire en pensée est aussi une action, peut-être encore plus nuisible car un non dit peut parfois porter très loin et très profond. Qui plus est, cette élimination de l'agressivité s'applique aussi par rapport à soi-même et donc, toute lutte, tout effort, tout conflit et toute réaction se produisant à l'intérieur de soi font partie de himsa, la violence. Faut-il atteindre ahimsa avant de commencer l'asana, le pranayama et la méditation ? Swami Satyananda explique que Patanjali a donné les résultats de notre pratique, sous la forme des yamas et des niyamas, avant d'en expliciter le processus. On ne peut, sans créer un schisme mental, considérer les yamas et les niyamas comme des qualités à installer au préalable. Ils sont plutôt comme le fruit mûr qui tombe de l'arbre sans que l'on s'en occupe, une preuve manifestée de sa propre élévation intérieure. Tout en reconnaissant leur portée, il semble plus important de privilégier un travail réaliste d'harmonisation.
 
Le Tantra est à la base du yoga
Le Tantra préconise de prendre conscience de ce que l'on est, et de mettre en place un processus de transformation, en vue d'établir la santé, l'équilibre et la paix. Travailler sur soi implique tout d'abord une reconnaissance et une acceptation, sans que ces constatations ne soient entachées par des jugements, des rejets ou des inhibitions. Le problème réside à ce stade. Préférons-nous imaginer ce que nous voudrions être ou bien acceptons-nous de nous voir tels que nous sommes.
C'est la différence essentielle entre les philosophies orientales et le substrat judéo-chrétien : nous possédons en nous des caractéristiques positives et négatives, et nous ne devons pas ignorer les facettes les plus dérangeantes du mental. Il faut au contraire entrer en relation avec cette réalité dite inférieure, colère, jalousie, dépression, égoïsme, comme part de la nature humaine. Nous pouvons ainsi dégager l'énergie qui se trouve emprisonnée à ce niveau. Un choix véritable ouvre alors la porte de la sagesse et nous nous mettons au service de nos qualités les plus nobles. En suivant cette démarche tantrique, la progression se trouve facilitée, dans le respect complet de soi et des autres. La pomme peut alors mûrir de façon naturelle sur notre arbre devenu sain et fort.
 
Article de Swami Brahmatattwa paru dans FIDHY INFOS
   
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