Le Yoga Satyananda influence donc anamaya kosha ou corps de nourriture, il renforce et réoriente les énergies, pranamaya kosha ou corps énergétique. Il agit indirectement sur manomaya kosha ou corps mental, par la détente, la prise de conscience, l’harmonie corps / mental, l’équilibre des polarités de l’énergie, ida et pingala, la mise en relation des différentes strates du cerveau et l’installation de rythmes réguliers et répétitifs qui calment les ondes cérébrales.
Il s’approfondit ensuite pour nous permettre de mieux saisir les manifestations de l’énergie mentale et les fonctions correspondantes, grâce à des méditations dites tantriques. C’est alors que l’observation et l’attitude du témoin prennent tout leur sens. Citons notamment la pratique bien connue de yoga nidra, la méditation antar mauna, équivalent de vipassana dans le Bouddhisme, et ajapa japa, une technique issue des Upanishads. Ces outils de méditation, progressifs et codifiés, permettent d’éviter une confrontation directe avec les forces dissipées du mental. Ils focalisent les forces mentales sans exiger du pratiquant un trop gros effort sur lui-même. Ils introduisent une meilleure connaissance de soi tout en évitant de créer des tensions et des conflits internes.
Grâce à la méditation, il est possible d’aiguiser notre conscience des sens et de leur emprise, puis d’observer et d’accepter les expressions de la conscience mentale limitée ou conditionnée. Progressivement, il se produit un phénomène naturel de pratyahara, le retrait des sens, qui s’applique aux informations sensorielles d’une part et aux activités du mental d’autre part. La conscience universelle, vijnanamaya kosha ou corps psychique, peut alors émerger spontanément et imprégner corps et mental. C’est elle qui nous conduit ensuite à la paix, anandamaya kosha ou corps de félicité, au-delà de notre volonté et de nos capacités d’action. D’autres techniques appartenant au kundalini yoga, nada yoga, swara yoga, kriya yoga agissent directement sur vijnanamaya kosha, par l’intermédiaire des chakras et la mise en circulation de l’énergie spirituelle, atma shakti. Ces pratiques nécessitent des bases solides en hatha yoga et une bonne maîtrise des facultés mentales.
Le Yoga Satyananda offre donc une échelle très étendue de pratiques, qui part du corps, notre enveloppe visible, et va jusqu’aux niveaux vibratoires de l’être. Le même cheminement est possible dans chaque exercice, quel qu’en soit le genre. N’importe quelle pratique peut atteindre une profondeur telle que tous les koshas sont touchés simultanément. Si l’on analyse par exemple Surya Namaskara, la salutation au soleil, on s’aperçoit qu’elle est vécue sur le plan physique et énergétique, grâce à l’enchaînement des postures et au souffle associé. Mais cette pratique va également agir sur le plan mental par le biais de la prise de conscience et de l’observation du mouvement qui se fait à travers le corps. Ensuite, on peut y associer une donnée psychique avec la perception des chakras sollicités dans chaque asana. On approfondit encore son action grâce à l’usage des mantras correspondants et à l’évocation des archétypes des différentes formes de prosternation à l’astre solaire. N’est-ce pas là un bel exemple d’une pratique multidimensionnelle. |